Avant-propos

En 2009, j'étais étudiant à l'université d'Orléans. Avec un ami, nous avons pris la décisions de participer au raid "4L Trophy". Cet évènement, un des plus importants d'europe, a pour but d'acheminer des fournitures scolaires à des enfants défavorisés du Maroc.

Pour nous, c'était aussi l'occasion de créer et de développer un projet en local, en nous entourant de partenaires privés ou publics, puisque le budget nécessaire à l'opération est d'environ 5 à 6000€ par équipage.

Quelques chiffres sur ce raid:
+ de 1000 équipages par an;
6000 kms à parcourir en 10 jours;
50 tonnes de matériel acheminé /an

Voici le résumé de notre périple. Le début se trouve tout en bas de la page. Bonne lecture!

mercredi 4 mars 2009

samedi 28, dimanche 1er et Lundi 2: le retour

Après une bonne journée de repos le vendredi après midi et le samedi, nous nous retrouvons une dernière fois "chez Ali", lors de la soirée de remise des prix. Une récompense symbolique, car chacun est venu vivre une aventure humaine, pas une compétition.

Le retour en France se passe sans encombre. Nous faisons tout de même attention à ménager la voiture et les conducteurs, car parait-il, c'est sur cette étape qu'il y a le plus de pépins mécaniques.

Nous garderons en mémoire le souvenir des nombreux enfants rencontré lors du raid, ainsi que la beauté des paysages traversés.




Un mélange de nostalgie et de satisfaction, c'est ainsi que nous pourrions définir notre état d'esprit à la fin de cette semaine forcément inoubliable.

Dans nos têtes repassent sans cesse le souvenir de la population et particulièrement des enfants qui nous saluent lors de notre passage. Nous repensons aussi à la soirée du mardi, lors de la remise des fournitures. Et à tout les moments incroyables, aux rencontres faites et aux paysages fabuleux traversés qui ont précédé et suivi cette soirée.

Vidéo du jour

Jeudi 26 et Vendredi 27 (Etape Marathon: Timerzif - Zagora - Marrakech)

La fin de semaine s'annonce rude! Dernier jour de piste aujourd'hui. Une étape longue de près de 200 km, avec deux passages appelés dans notre road-book "Bienvenue dans le monde des cailloux" ainsi que "L'enfer des cailloux"! Ça promet!

Beaucoup de piste donc, avec des passages d'Oued géant, des check-points secrets, des lignes droites désertiques... Une grosse partie orientation aujourd'hui, où le choix des trajectoires sera plus important que les autres jours.


Passage d'Oued: plus difficile qu'il n'y parait, il s'agit de passer en douceur les cailloux situés au bord, mais avec assez de vitesse pour ne pas rester bloqué dans le sable!


Si la première partie s'annonce relativement calme, la difficulté va progressivement augmenter!
Cela commence pour nous avec la rupture de notre ligne d'échappement, après une bosse prise trop vite! Plus de peur que de mal, c'est réparé en peu de temps! Puis vient une crevaison, alors que nous roulions à près de 70 km/h (ce qui nous a obligé a remettre nos autres pneus, plus petits, et donc pas adapté aux réglages du compteur).




Plus loin, alors que nous sommes dans "L'enfer des cailloux" (Ça porte vraiment bien son nom), on se prend une énorme pierre, alors que nous roulons à 20 km/h: on entend alors un drôle de bruit, toutes les affaires volent en l'air dans la 4L! Bilan: la plaque en acier de 3mm de protection du châssis arrachée!

C'est la grosse peur de la journée: Si la boite de vitesse est endommagée, c'est la fin de l'aventure pour nous. Heureusement, ce n'est pas grave: le moteur n'est pas touché. Nous réparons vite fait, et repartons rapidement.

La nuit approchant, nous trouvons un coin de sable parmi tous les cailloux, pour installer notre campement à 10 km de la fin de la piste.

Le lendemain, nous repartons à 05h30, direction Marrakech. Nous avons mis près d'une heure pour finir les 10 derniers kilomètres, tellement la piste était en mauvais état.

La suite de l'étape marathon se déroule sans encombre, puisqu'il n'y a quasiment aucune difficulté. Il y a tout de même le col du Tchika a passer, avec des pentes très raides, mais nous ne rencontrons pas de problème.

Sur la route, les paysages plus spectaculaires les uns que les autres continuent de défiler.



Vidéo du jour

Mercredi 25 (Merzouga-Timerzif)

Nos 50 kg de fournitures sont peut-être déjà remises, mais le 4L Trophy n'est pas terminé. On attaque aujourd'hui une étape mythique, par le tracé historique qu'elle emprunte. La "Route du Sel", utilisée par les caravanes de nomades pendant des siècles, mais c'est aussi une ancienne portion du fameux Dakar.


C'est une chance de pouvoir accéder à cette partie du pays, car l'autorisation de l'armée est nécessaire, en raison de la proximité avec la frontière Algérienne mais aussi de l'entrée dans le désert du Sahara.

Un peu de route tout d'abord pour se mettre en jambe, puis au bout de 60 km, l'entrée dans le "bac à sable". Devant nous, des dizaines de 4L sont déjà bloquées, ensablées! Une personne d'un équipage vient nous prévenir, et nous conseille de passer par la droite du bac.

De la route, des pistes, puis le bac à sables. Sur la 3ème photo, vous pouvez voir en arrière plan les voitures bloquées.



On recule pour prendre un peu d'élan, et c'est parti, comme dans les dunes la veille: fond de première! On traverse le bac, on hésite sur la trajectoire à prendre, on double une trentaine d'équipage. Déjà 500m de fait, plus que 25m pour rattraper un terrain plus stable et... trop tard! la voiture est ensablée! C'est le début d'une longue série!

A 5 reprises, nous allons devoir nous désensabler, toujours avec l'aide d'autres personnes. Car à 2, impossible!
Et de 3! Ici, on sera obligé de remorquer la voiture avec une autre 4L!

La 2ème fois a lieu 200m plus loin. Entre temps, nous passons des zones à risques avec succès. Puis une troisième fois quelques kilomètres plus loin. A la 4ème, nous l'avions bien cherché! On s'est trompé dans le road book, un peu perdu, et nous nous sommes éloignés de près de 700m de la piste. Résultat: on se retrouve bloqué, seul au milieu du désert, sans que les autres puisse nous voir de la où ils passaient! Il nous a bien fallu près de 40 minutes pour nous en sortir, toujours avec de l'aide.
Pour l'anecdote: je me suis dirigé vers la piste afin de faire signe à d'autres équipes. Une dizaine de minutes plus tard passait enfin la première voiture. En voyant mes signes de bras, l'équipage s'est contenter de me saluer par la vitre de leurs portières, tout en continuant leur chemin, imaginant sans doute avoir à faire à un supporter local!!

Une dernière fois pour finir la journée, et la coupe était pleine! Vivement l'arrivée.

Un peu de répit avant nos 2 derniers blocages dans le sables!


Ce jour-là, nous étions parmi les chanceux, quoique... Certains équipages n'ont pu rejoindre le bivouac avant le lendemain matin, à 8h. Près de 500 voitures n'étaient toujours pas rentrées à 20h, alors que d'habitude il ne reste plus que quelques équipages ayant des soucis mécaniques importants. Mais ils ont au moins pu profiter d'un bivouac enfin seul, sans bruit, au milieu du désert. Car il faut dire que sur notre bivouac, ce n'est pas toujours de tout repos! Peut-être qu'on aurait du rester ensablé finalement...

L'assistance mécanique tourne à plein régime!

"Fini déjà le Maroc, l'Australie on verra plus tard"!

17h00: à peine arrivé, le copilote va se coucher! Qui a dit chochotte?



Mardi 23 (Errachidia - Merzouga)

Aujourd'hui est un jour important. Car c'est ce soir que nous allons réunir l'ensemble du matériel récolté par les équipages afin de les remettre aux enfants.

Mais avant ça, une longue journée nous attend. Nous prenons la route, traversons des villes et villages. Comme les autres jours, de nombreux enfants nous saluent et nous regardent passer. Certains équipages s'arrêtent pour profiter de l'effervescence qui règne.



Puis nous arrivons sur la piste. Le sable commence a être très présent, et certains passages se révèlent difficile à passer.







D'ailleurs, l'entraide entre équipage est de plus en plus visible, car dès qu'une voiture est bloquée, d'autres personnes s'arrêtent pour venir en aide.

Moins de 10 kilomètres avant la fin, nous restons bloqués, pour la première fois. Il faut creuser, poser les plaques, pousser, et recommencer!

Dès qu'un équipages est en galère, les enfants du pays sont toujours là pour aider!



Pour éviter aux autres voitures de rester ensablées, nous décidons de les aider à trouver la bonne trajectoire et de les pousser, mais au bout de 7 ou 8 voitures, et par la chaleur qui règne, on attrape vite un coup de chaud!

Puis nous arrivons enfin au passage des dunes: 3 circuits de quelques centaines de mètres sont proposés, où notre prestation est jugée par les commissaires.


Au volant, c'est julien. Fond de première, le moteur hurle à la mort, l'arrière de la voiture glisse dans les virages, le sable vole de partout, mais on s'en sort plutôt bien. verdict: 950 points sur 1000, ce qui nous nous place dans le haut du classement.
Ça a duré 30 secondes, mais quel pied!

Enfin, l'autre grand moment de la journée, c'est la remise des dons. De nombreux enfants sont venus de la région pour assister à la récolte du matériel, accompagnés de leur famille.

Des chaises roulantes, des ordinateurs, des panneaux solaires, des jouets, des vêtements, des fournitures scolaires... Des centaines de cartons s'entassent, c'est impressionnant. Plus de 60 tonnes de matériel sont récoltées, un record pour le 4L Trophy.



La journée s'achève dans la bonne humeur et une ambiance festive, un copieux repas nous est servi (non pas que les autres jours ça n'allait pas , mais là c'est vraiment le top!). Les personnes patientes peuvent même prendre une douche (il faut attendre 1h30!), la première depuis près d'une semaine.
Pour certains, c'est aussi une partie de la soirée passée au stand mécanique, car les voitures souffrent de plus en plus. Pour notre équipage, pas de problème: la voiture tourne très bien, il suffit simplement de nettoyer un peu le moteur.

"A mon avis ça vient soit de la trompe de klaxon soit de la tête de delco"!


Les stands sont divisés en 3 sites: mécanique, soudure, électricité. Ils ferment très tard dans la nuit!

Vidéo du jour

Lundi 23 ( Enjil- Errachidia)

Première impression au réveil: on se les gèle!! Nous avions pourtant prévu le coup, en enfilant grosses chaussettes, pantalons, pull et polaire, le tout dans un gros sac de couchage. Mais rien n'y fait! La tente est givrée, on enfile nos chaussures et notre manteaux. Qui a dit qu'on partait au Maroc pour bronzer?!

Le froid? La preuve en image:

Le départ de notre équipage est fixé à 7h30. Nous allons devoir parcourir un peu de route avant d'atteindre la piste, enfin! La veille, en allant faire un tour sur le bivouac, j'ai pu discuté avec quelques membres de l'organisation, qui m'ont alors prévenu de ne pas s'arrêter dans les villages que nous allons traverser avant d'accéder aux pistes. En effet, les enfants de ces quelques villages se montrent depuis quelques années trop agressifs envers les équipages, en essayant de les arrêter pour obtenir de la nourriture, de l'argent, des bonbons, stylos ou vêtement.
Ça peut paraître égoïste comme raisonnement, mais il faut à tout prix éviter un dérapage.

Dès le matin, le soleil réchauffe l'air et illumine les paysages




L'étape du jour compte un peu plus d'une centaine de kilomètres, dont une quarantaine sur piste. Quel bonheur! la piste est parsemée de passage d'oued, de fossé que nous ne pensions pas pouvoir franchir! Il faut être sur place pour s'en rendre compte, car les photos ne sont pas suffisantes.

Entrée de la piste:


Les routes sont parfois dans un drôle d'état... Tant mieux!





Afin de réduire le nombre de kilomètres parcourus , nous coupons au maximum la piste. Hélàs! Nous allons nous appercevoir en fin de journée que notre compteur affiche + 17 kms par rapport au roadbook, ce qui nous envoi dans les 600èmes places. La faute à la taille des pneus utilisés ce jour-ci, d'une section plus petite que ceux utilisés habituellement.

Une petite halte dans près d'un village



Quoi qu'il en soit, le plaisir est au rendez-vous. Le bivouac approche trop vite, encore une journée de terminée.

Une petite ligne droite de 30 kms et le bivouac arrive!
Arrivée au bivouac, c'est le moment d'échanger avec les autres équipes sur la journée


Nombreux sont les enfants à nous accueillir à l'entrée des villages, voir même en plein milieu du désert. Pas une maison aux alentours, on se demande parfois comment ils sont arrivé ici.


Vidéo du jour